Les Vikings by Renaud Jean

Les Vikings by Renaud Jean

Auteur:Renaud Jean
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Perrin
Publié: 2019-08-19T06:50:35+00:00


C’est un commentaire attribué à Ívarr Bárðarson, un prêtre norvégien envoyé au Groenland par l’évêque de Bergen vers 1342 – « À présent les skrælingar ont pris possession de tout l’établissement de l’Ouest » –, qui sert traditionnellement à dater le début du déclin de la colonie scandinave (la dépopulation de Vestribygð, aux alentours de 1350) et à en rendre les Inuit responsables. Mais, bien évidemment, nous voici loin de l’époque viking.

Apparus dans le nord-ouest du Groenland au début du XIIIe siècle, les Inuit sont largement présents dans la baie de Disko un siècle plus tard. C’est donc un des endroits les plus plausibles de rencontre entre les deux groupes ethniques et vraisemblablement de troc. Mais la présence toujours plus nombreuse des Inuit au Norðrsetr et la compétition accrue pour se procurer les mêmes ressources ont pu avoir une répercussion sur la capacité des Scandinaves à y maintenir leur activité de chasse.

D’ailleurs des contacts peuvent avoir eu lieu tout le long de la côte ouest, y compris dans les régions du Sud colonisées par les Vikings, que les Inuit atteignent pendant leurs propres expéditions estivales. Encore qu’il n’en soit jamais fait mention dans les textes norrois de l’époque.

La nature de ces contacts reflète la différence entre les deux populations. Les Inuit conservent les objets acquis et leur confèrent ensuite une certaine valeur (sociale, religieuse) ou un certain prestige, tandis que les Scandinaves s’attachent essentiellement à la valeur marchande de l’ivoire. Et il convient surtout de remarquer que ces échanges ne sont suivis ni de mariages interethniques – contrairement aux métissages dans le Groenland colonial des XVIIIe et XIXe siècles qui donneront lieu à des transferts linguistiques et culturels –, ni d’acculturation – les Scandinaves n’adoptent pas les techniques des Inuit (umiak et kayak, harpon, traîneau tiré par des chiens) ou leur pratique très particulière de la pêche hivernale des phoques annelés.

Les fouilles réalisées à Vestribygð n’ont révélé aucun signe de violence dans les derniers temps de son occupation. Mais il est difficile de savoir dans quelle mesure il y a pu avoir une période de contact direct, peut-être de compétition, voire d’hostilité entre les deux communautés. L’archéologie tend à montrer que les Inuit ne s’y installent définitivement qu’après le départ des Scandinaves, ce qui plaide en faveur d’une période assez longue de contacts plutôt pacifiques.

Parmi les récits inuit recueillis au XIXe siècle par le Danois Hinrich Rink et publiés en traduction danoise à Copenhague en 1866 sous le titre Eskimoiske eventyr og sagn (Contes et légendes esquimaux), plusieurs ont pour thème des rencontres tantôt amicales, tantôt hostiles entre « Kaladlit » (Kalaallit, les Inuit) et « Kavdlunait » (Qallunaat, les Blancs) au sud-ouest du Groenland. L’un de ces récits, Ungortok, chef des anciens Kavdlunait de Kakortok, s’appuie peut-être sur des faits réels, mais impossibles à dater. Ce conte inuit a pour cadre l’île d’Arpatsivik dans le fjord de Qaqortoq (Hvalseyjarfjǫrðr), au cœur d’Eystribygð, et commence par le défi d’un pêcheur scandinave à un Inuk dans son kayak : ce défi



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